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LES LIGNES DU MONDE – géographie & littérature(s)

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Peter HANDKE

Peter HANDKE & le Lieu Tranquille

Enfin, des semaines, peut-être quelques mois après la lecture je reprends les passages notés au crayon de bois dans le petit Essai sur le Lieu Tranquille, de Peter Handke. Handke + lieu a tout de suite eu un effet magnétique sur moi, dans la librairie de Tours. Essai sur le cabinet de lectures, les cabinets de lecture … pour certains. Lieu par essence solitaire, ce Lieu Tranquille interroge aussi la définition du mot lieu.

Il suffisait parfois, pour que viennent ces instants de protection et de repli, de baisser les yeux vers le sol, vers les rails des tramways où les feuilles se mêlaient au sable. Naissait alors un lieu tranquille […]

Il était singulier aussi que la simple idée d’un des lieux tranquilles de mon enfance villageoise suffît à remplacer le lieu lui-même, et que le souvenir de celui-ci, de le reculer ainsi dans l’espace et le temps, le fît apparaître avec incomparablement plus de force que cela n’avait été le cas là-bas autrefois.

Le Lieu Tranquille de Nara fut aussi celui d’une libération. Ce n’était pas un simple refuge, un asile, un retrait. C’était, en cette heure matinale, un lieu comme jamais, comme aucun autre peut-être, le lieu « lieu ». Je me sentais […] exalté en lui, rempli d’une énergie vivifiante et indéterminée. Le lieu m’enthousiasmait. Oui, un « esprit » était à l’oeuvre dans ce lieu tranquille, qui, pour reprendre Tanizaki, assurait le « repos », et en même temps vous remettait d’aplomb, le pied à l’étrier […].

Peter HANDKE, Essai sur le Lieu Tranquille

Peter HANDKE & le ballon d’Alsace

La Ballon d’Alsace par Peter Handke. Juste pour archiver. Pour rendre le livre. Tout y est, on se croirait dans une gravure de manuel de géographie synthétisant les éléments du paysage : bassin / métropole / niveau de la mer / montagne / crête / fleuve / frontière

Ce voyage en voiture se fit à travers un ample paysage en escalier qui s’élève selon un rythme très régulier depuis le bassin qui a la métropole pour centre, peu au-dessus du niveau de la mer, jusqu’à cette moyenne montagne de la crête de laquelle on voit déjà, dans la plaine suivante, derrière le fleuve frontière, le prochain grand pays ; […].

Peter HANDKE, Histoire d’enfant

(Notes) Peter HANDKE

De 2 choses. Géographiques. Éminemment géographiques. (1) Premier contact. Monde obscur. Monde sur roulettes. Lieu initial. J’apprends, je teste Ce qui, en règle générale, donne au souvenir l’essence de l’image, c’est de reposer sur le corps terrestre dont on sent la pente, la montée ou la descente, ou bien le vallonnement […]. Indirectement. Via média-roulettes. Après la mise au monde, la mise dans le monde. En arpenteur. […] l’homme, au cours de longues promenades, roulait l’enfant à travers la ville. […] Et c’est ainsi qu’avec les mouvements de levier qui font monter et descendre la voiture d’enfant des trottoirs, la ville devient vraiment la ville natale de l’enfant. Monde natal. Monde à dépasser. D’ici cocon & habitudes. Sûr de sûr. D’ici ailleurs. (2) La confrontation. Les autres mondes. Qui suis-je ailleurs ? Le paysage me change. L’ailleurs comme façon de me saisir. N’était-ce pas à l’étranger seulement qu’on voyait ce qui est sien devenir sûr et décisif ?

Peter Handke – Histoire d’enfant

Peter HANDKE & les changements de plans du paysage

Toujours à récupérer des passages dans La Leçon de la Sainte-Victoire, (il faut bien que je lui rende le livre, quand même !), je me laisse guider par mes notes et petits papiers indicatifs : par là : les plans, l’observation du paysage :

Souvent, il y a quelque chose de particulier à observer sur des surfaces éloignées: ces arrière plans, aussi uniformes soient-ils, changent aussitôt que dans l’espace libre au premier plan un oiseau, par exemple, s’envole. Les surfaces reculent et prennent forme de façon sensible; l’air entre elles et l’œil devient palpable. Ce qui est devenu sans objet à force d’être connu ou lié à un endroit précis, à force d’être appelé par son nom, le voilà qui pour une fois se situe à bonne distance; c’est « mon objet» avec son vrai nom.

Peter HANDKE, La Leçon de la Sainte Victoire

Peter HANDKE & le centre du monde

Depuis un moment, j’ai glissé quelques marque-pages dans cette Leçon de la Sainte-Victoire, de Peter Handke. Je reprends le livre et relève, page 40 :

A Delphes, où l’on supposait jadis le centre du monde, partout, dans l’herbe du stade, voletaient les papillons dans lesquels le poète Christian Wagner a vu «les pensées délivrées des morts sacrés ». Devant la Sainte-Victoire cependant, lorsque, dans l’espace libre entre Aix et le Tholonet, je me trouvai au milieu des couleurs, je pensai : « Le centre du monde n’est-il pas là où a travaillé un grand artiste plutôt qu’en des endroits comme Delphes ?

Peter HANDKE, La Leçon de la Sainte Victoire

Peter HANDKE & les tableaux superflus

En attendant de reprendre Mon année dans la baie de personne, je gravis la Sainte-Victoire accompagné du regard de Peter HANDKE sur le monde. Pas souvent de grands voyages extraordinaires chez Handke, des petits plutôt, et des paysages surtout. Je crois qu’on ne parle jamais de cet auteur du côté de chez les géographes…

Je manquais plutôt de gratitude envers les peintres de tableaux ; car ce que je croyais être le superflu avait plus d’une fois servi à guider mon regard et bien des choses étaient devenues images à la source de l’imaginaire et de la vie.

Peter HANDKE, La leçon de la Sainte-Victoire

Peter HANDKE & les lieux du livre

Période Handke qui se prolonge. Déception des carnets, mais pas de ces entretiens. Très portés sur la géographie au début.

Dans le livre, les lieux, pour le lecteur, sont toujours autres, et plus vastes, et aussi plus fructueux, que si on l’emmène là en lui disant, comme lors d’un pèlerinage ou un voyage guidé, voici l’arbre ou … cela me gêne. Chacun, quand il a lu quelque chose, en a l’image en soi, et il se réjouit de cette image. Mais le modèle est toujours décevant, et plutôt importun, aussi. – Ou alors le lecteur trouve lui-même, il se met en quête et part à la recherche.

Peter HANDKE dans Espaces intermédiaires

Peter HANDKE & l’explication du monde

Il lisait un essai d’explication du monde vieux de deux mille ans écrit par un naturaliste romain dans la langue duquel on trouvait encore « la douceur, le fondu » d’un poème. « Ainsi la matière faite d’un corps solide peut-elle être éternelle pendant que tout le reste se dissout. »

Peter HANDKE in Lent retour

Peter HANDKE & le paysage dessiné

Même pour son travail, il préférait le dessin à la photographie car ce n’est qu’ainsi que le paysage lui devenait compréhensible sous tous ses aspects; à chaque fois il était surpris par la quantité de formes qui se révélaient, même dans une étendue à première vue tout à fait monotone. De plus, une région ne lui devenait proche que lorsqu’il la dessinait ligne à ligne, de manière aussi fidèle que possible, sans les schématisations et omissions habituelles de sa discipline scientifique – alors, en toute bonne conscience, il pouvait dire y être allé.

Peter HANDKE in Lent retour

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