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LES LIGNES DU MONDE – géographie & littérature(s)

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Chloé DELAUME

Chloé DELAUME & une fiction dans un espace réel

Je prépare la rencontre de ce samedi avec Chloé Delaume. Soirée château ouvert & éclairé, comédienne-déambulantrice chargée de citations. En attendant la lecture. Première fois que je fais l’exercice, la présentation, la préparation des questions. L’important ce ne sont pas les questions mais les réponses que je me dis. Dans le texte, encore inédit pour quelques heures -je le lis & relis dans le ventre du château-, au cœur de la Bucolie, j’y cueille un brin de géographie. Saché / Le Lys dans la vallée / Félix / Balzac : réalité & fiction en balance, de l’un à l’autre en usage intensif, on ne sait plus si l’on est dans l’un ou dans l’autre.

 Princesse Insatisfaite, quelle que soit la saison. La carte du Royaume, les clefs du territoire. Ça fait partie du pacte, du pacte de lecture. Habiter une fiction dans un espace réel, relancer le GPS, la boussole est solaire et le Nord a fondu.

Chloé DELAUME, Conversation entre onze heure et minuit n°1

Chloé DELAUME & le moi-repère

Pas le temps de tout lire, forcément. Alors il a fallu choisir dans sa vingtaine de livres. Navigation : choix donc sur ces Transhumances parce que les premières lignes, l’Ouest ou l’Est. Sentiment géographique affirmé, visiblement, chez Chloé Delaume. L’Est / l’Ouest // la droite / la gauche. La rose des vents politique. Et au milieu de la rose : Le seul repère que j’ai ici, c’est moi. Je fais avec. Puisque je suis au centre de ma géographie, la géographie, c’est égocentrique.

On entend un petit groupe de quatre personnes marcher en lisière de forêt.

 

Gilles 

Faut prendre à l’Ouest, faut toujours prendre à l’Ouest.

 

Françoise 

Je ne vois pas pourquoi, t’en sais rien, ça fait des jours que t’en sais rien, si ça se trouve on est revenus sur nos pas, fallait pas suivre la rivière.

 

Gilles 
Faut toujours prendre à l’Ouest, les réfugiés vont toujours vers l’Ouest, c’est la seule façon d’être sauvés.

 

Charles 
Arrêtez-moi si je me trompe…

Tous s’arrêtent.

 

Charles 

…mais attendu que : Réfugié, adjectif et nom, 1435, de se réfugier. Se dit d’une personne qui a dû fuir son pays d’origine afin d’échapper à un danger (guerre, persécutions politiques ou religieuses etc.), nous n’avons aucune raison de prendre à l’Ouest.

 

Léonore 
C’est vrai que c’est pas du tout logique. Faut aller à l’Est, du coup.

 

Charles 
Non, au Sud.

 

Léonore 
Mais puisque qu’on n’a pas changé de pays, faut qu’on marche vers l’Est !

 

Gilles (reprenant la marche)
On continue par là jusqu’au prochain croisement de sentiers et à ce moment-là on en reparle.

 

[…]

 

Gilles
Sur les cartes de géographies, à l’école, à droite de la carte il y avait quoi, comme pays ?

 

Léonore
L’étranger.

 

Gilles
Je parle des cartes d’avant, Léo. T’as pas dû les connaître.

 

Léonore
Y avait quoi d’autre alors ?

 

Françoise
A droite ? Les pays de l’Est, entre autres.

Françoise et Charles posent leurs sacs et s’assoient. Françoise s’installe, boit un peu d’eau…

 

Gilles
Donc, si je suis devant la carte, l’Est est à ma droite. Evidemment, l’Est à droite, les communistes à droite, dans le monde réellement renversé le vrai est un moment du faux, l’Est à la droite de l’homme, l’Ouest à sa gauche, à sa gauche la main gauche le diable, le Nord en face, le sud derrière, tout derrière moi.

 

Charles
Vous êtes égocentrique

 

Gilles
Je ne suis pas égocentrique

 

Charles
Loin de moi l’idée de vous froisser, mais c’est un fait

 

Gilles
Le seul repère que j’ai ici, c’est moi. Je fais avec.

 

Chloé DELAUME, Transhumances

Chloé DELAUME & la longitude éphémère

Entré dedans cette écriture un peu obligé. Professionnellement. Du coup lire lire lire. Ceux autofictifs, et ceux moins autofictifs. En attendant le dernier, celui sur le Liban, plongée dans Transhumance (des personnages désorientés, qui rosent des vents) et dans les articles sur le site de l’auteur. La géographie y affleure pas mal. Pour décrire La République Bananière des Lettres.

Situation géographique
Enclavée dans le Royaume Editorial, la République Bananière des Lettres (RBL) existe depuis le milieu du XVIIIe siècle. Sa superficie est de 3,2 km², constitués de maisons fixes et de zones mouvantes. Sa densité est de 20 666 habitants au km², avec une forte concentration au fond des Douves et du Mouroir. Son altitude est négative bien qu’elle comporte une colline, en haut de laquelle se trouve le Château, qui héberge le Président, le Parlement, et les citoyens de classe 4 minimum. Sa latitude et sa longitude ne sont pas identifiables, en raison de la nature éphémère de nombre de ses domaines, qui s’évanouissent à chaque venue des géomètres.

Chloé DELAUME, La République bananière des Lettres

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