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LES LIGNES DU MONDE – géographie & littérature(s)

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Paris

Les villes dans la chanson – Amoureux de Paname (RENAUD)

Renaud, le premier chanteur pour grands que j’ai écouté après les chanteurs pour petits. Ses gros mots (« tu pourras en dire aussi quand tu seras poète » disait ma mère). Renaud et son éloge de Paris, références à mai 68 (le disque sort en 75), hauts lieux (symboliques et en même temps physiques (les tours)) dont il revendique le potentiel poétique, la ville bétonnée et les odeurs qu’il assume…

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Amoureux De Paname

Ecoutez-moi, vous les ringards,

écologistes du sam’di soir,
cette chanson-là vaut pas un clou,

mais je la chante rien que pour vous.
Vous qui voulez du beau gazon,
des belles pelouses, des p’tits moutons,
des feuilles de vigne et des p’tites fleurs,
faudrait remettre vos montres à l’heure.Moi, j’suis amoureux de Paname,
du béton et du macadam,
sous les pavés, ouais c’est la plage,
mais l’bitume c’est mon paysage,
le bitume c’est mon paysage.

Ecoutez-moi, vous les ringards,
écologistes des boul’vards,
vos beaux discours y’en a plein l’dos,
y’a du soleil dans les ruisseaux.
La tour Montparnasse elle est belle,
et moi j’adore la tour Eiffel,
y’a plein d’amour dans les ruelles
et d’poésie dans les gratt’ciel.

Moi j’suis amoureux de Paname,
du béton et du macadam,
sous les pavés, ouais c’est la plage,
mais l’bitume c’est mon paysage,
le bitume c’est mon paysage.

Ecoutez-moi, vous les ringards,
écologistes des grands soirs,
la pollution n’est pas dans l’air,
elle est sur vos visages blêmes.
Moi j’aime encore les pissotières,
j’aime encore l’odeur des poubelles,
j’me parfume pas à l’oxygène,
l’gaz carbonique c’est mon hygiène.

Moi j’suis amoureux de Paname,
du béton et du macadam,
sous les pavés, ouais c’est la plage
mais l’bitume c’est mon paysage,
le bitume c’est mon paysage.

(Renaud Séchan)

Michel BUTOR & l’espace entre 2 villes

On n’est pas le même partout. L’équilibre entre 2 villes ; deux pôles ; et ce qui les relie : un fil de la vierge léger léger : le trajet en train. Il y a longtemps que cette vieille édition rose de 1994 (achetée sur conseil : « tu aimes le train, c’est un roman à lire dans le train, d’autant que tu prends souvent cette ligne » (fut un temps avec arrêt à Firenze, ville non mentionnée il me semble dans le roman)) passe d’étagère en étagère. Donc près de 20 ans après – laissé mûrir le livre, commencé une fois à l’époque, prêté plusieurs fois depuis – la litanie des gares, l’aller pour Rome.

car s’il est maintenant certain que vous n’aimez véritablement Cécile que dans la mesure où elle est pour vous le visage de Rome, sa voix et son invitation, que vous ne l’aimez pas sans Rome et en dehors de Rome, que vous ne l’aimez qu’à cause de Rome, parce qu’elle y a été, dans une grande mesure, qu’elle y est toujours votre introductrice, la porte de Rome, comme on dit de Marie dans les litanies catholiques qu’elle est la porte du ciel, ce qu’il faudrait absolument que vous sachiez, c’est pour quelles raisons Rome possède sur vous un tel prestige, et aussi comment il se fait que ce prestige ne possède pas suffisamment de solidité objective pour que Cécile puisse s’en faire consciemment, volontairement, l’ambassadrice à Paris, comment il se fait qu’Henriette, malgré tout ce que la Ville des Villes représente nécessairement pour elle, avec son catholicisme, ait pu considérer l’attachement que vous lui portez comme l’expression même de ce qu’elle vous reproche,

PARIS

15 place du Panthéon

CaptureplPantheon

Or ce n’est point la faute de Cécile si la lumière romaine qu’elle réfléchit et concentre s’éteint dès qu’elle se trouve à Paris; c’est la faute du mythe romain lui-même qui, dès que vous vous efforcez de l’incarner d’une façon décisive, si timide qu’elle demeure malgré tout, révèle ses ambiguïtés et vous condamne. Vous équilibriez votre insatisfaction parisienne par une croyance secrète à un retour à pax romana, à une organisation impériale du monde autour d’une ville capitale qui ne serait peut-être plus Rome mais par exemple Paris. Toutes vos lâchetés, vous leur trouviez une justification dans l’espoir où vous étiez que pourraient se fondre ces deux thèmes.
Une autre femme que Cécile aurait elle aussi perdu ses pouvoirs; une autre ville que Paris les lui aurait aussi fait perdre.

ROME

56 via Monte della Farina

CaptureRome

Vous dites : il faudrait montrer dans ce livre le rôle que peut jouer Rome dans la vie d’un homme à Paris; on pourrait imaginer ces deux villes superposées l’une à l’autre, l’une souterraine par rapport à l’autre, avec des trappes de communication que certains seulement connaîtraient sans qu’aucun sans doute parvînt à les connaître toutes, de telle sorte que pour aller d’un lieu à un autre il pourrait y avoir certains raccourcis ou détours inattendus, de telle sorte que la distance d’un point à un autre, le trajet d’un point à un autre, serait modifié selon la connaissance, la familiarité que l’on aurait de cette autre ville, de telle sorte que toute localisation serait double, l’espace romain déformant plus ou moins pour chacun l’espace parisien, autorisant rencontres ou induisant en pièges.

Donc

Le mieux, sans doute, serait de conserver à ces deux villes leurs relations géographiques réelles

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NB : c’est au bas de la page 241 que : impossible de ne pas tenter de lui expliquer pour quelles raisons s’est produite cette modification,

Le territoire est une kyrielle de tanka

ouverture pour

point / ligne / surface
à Saint-Germain-des-Prés

 

Le texte suivant est un bref extrait de point / ligne / surface à Saint-Germain-des-Prés, étude géographique de Quant à Saint-Germain-Des-Prés, trente et un tanka sur la main d’après de Nicolas Grenier, à paraître en juin 2011 aux Éditions du Tanka francophone

(les textes en italiques (sauf les citations de G. Bachelard & Y. Bonnefoy)  sont des extraits du livre de Nicolas Grenier.)

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“Je possède d’autant mieux le monde que je suis plus habile à le miniaturiser.”
 G. Bachelard, Poétique de l’espace

       

 Saint-Germain-des-Prés, c’est une fabrique d’histoire(s), la grande (Childebert, l’Abbaye), les petite(s) (Monoprix).

Saint-Germain-des-Prés c’est de la géographie, aussi. Lire la suite

Jacques ROUBAUD & la marche dans les villes

Entré un peu par hasard dans l’œuvre de Jacques Roubaud, par le Tokyo infra-ordinaire publié par Inventaire/invention. Des couleurs plein les yeux pour dire le monde en digression comme d’autres font des mises en pages. Puis de digression en digression jusqu’à La Dissolution. Jusqu’à Paris, New York et Londres en marches.

Je pense pancakes m’éveillant, proches. Et de la pensée à l’acte il n’y a pas loin, quand il s’agit de pancakes. Ensuite, ensuite seulement, je peux envisager le monde en général, New York en particulier
2463 envisager New York signifie choisir un but de marche matinale. Longue, si le weather s’y prête. Seule une longue marche peut susciter le sentiment de la marche propre à chaque ville, qui n’appartient qu’à elle. À Paris, par exemple, presque toute marche est courte, même quand elle est longue. Paris est une ville petite : petites rues, petites vues, perspectives rabougries, ou purement cérémoniales. Ville de détails. Ils ont leur charme, pour l’exploration piétonne. Londres est grande, composition en villages juxtaposés, où marcher posément, en pauses jardins, sur bancs de « squares ». Miles et miles, reposé. Horizon pub, vers midi. Pub food
2464 Manhattan aussi est grande, tout différemment. La largeur des traits-rues et des traits-avenues sur le plan mental de surface en coordonnées orthogonales facilite excessivement l’appréhension des distances à parcourir: il n’y a pour ainsi dire aucune différence entre la distance « à vol d’oiseau » et la distance en surface. Loin de rendre le parcours plus court, cela l’allonge. Laissé Broadway, on croit voir le bout de la Cinquième Avenue là-bas, mais je suis surpris de découvrir qu’il m’a fallu une heure et demie pour atteindre les services culturels français pour la réception en l’honneur de Rosmarie, à peine au milieu de Central Park

Jacques ROUBAUD dans La Dissolution

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