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LES LIGNES DU MONDE – géographie & littérature(s)

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Lignes invitées

M’en retourner jeter les hardes du vieil homme dans le Mississippi vase communicant avec Matthieu Duperrex, pour Urbain, trop urbain

 

«J’ai fait un paquet de toutes les hardes du vieil homme

et je les ai jetées dans le Mississippi.

Le Gulf Stream les rapportera sur les côtes de l’Angleterre

et tu les repêcheras si tu as besoin de haillons de rechange.»

Elisée Reclus, Correspondance à son frère Elie Reclus, de la Nouvelle Orléans, sans date, 1854 probablement.

Le Mississippi m’a délivré, à sa manière et par-devers moi, l’enseignement d’un univers qui peut m’anéantir et me submerge. Transi par la grandeur mathématique de sa nature sublime, j’ai senti à l’accotement de son cours mon estomac se situer «géographiquement», à un point très précis de convergence des lignes du monde.

Il ne me vint pourtant pas à l’idée de flâner sur les berges du fleuve. Lire la suite

Pont Lafayette (vase communicant avec Anne Savelli)

Du côté des gares ; je l’ai fréquenté un peu ce quartier. Louis Blanc aussi, avant. Maintenant, avec 225 kilomètre d’écart, Anne Savelli m’y ramène pour/par cette jolie ligne, ce vase communicant. Et moi chez elle, toutes fenêtres donnant sur l’Italie.

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Cette ligne-là, de la gare du Nord à Louis Blanc, je ne sais pas pourquoi je m’y suis attachée au début.

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Notes à propos de l’épaisseur du nord (vase communicant avec Anthony Poiraudeau)

Comme chaque début de mois, désormais, ça vase ici et là. De chôra (virtuelle) en khôra (virtuelle, aussi) Anthony (P.) est là. Et moi là-bas, sur son Futiles et graves.

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Notes à propos de l’épaisseur du nord


« Or, cet « infini » est matière. »
Éric Dardel, L’Homme et la terre, p.9

Le nord est une notion abstraite, issue d’une compréhension de l’espace comme étendue homogène, mesurable et quantifiable. Le nord n’en implique pas moins concrètement les lieux dans leur matérialité, leur singularité et leurs contingences.

Chaque lieu du monde a un nord, alors le nord est partout.

On peut dire qu’il est un lieu, nommé pôle, où convergent tous les trajets en direction du nord, et donc qu’un lieu dispose d’une place supérieurement nordique dans le dispositif septentrional. Ce lieu, pôle, ne tire pas ce statut singulier d’une irrégularité qui lui serait propre, mais d’une compréhension quantitative de l’espace supposé homogène.

Ainsi, le nord n’a pas de lieu. Lire la suite

EXTINCTION DES DERNIERES SIRENES (vase communicant avec Cécile Portier)

Ce mois-ci, c’est avec la Petite racine de Cécile Portier (merci pour ce texte  & illustrations sologno-tourangeau, quasi miroir géographique du bourg aux 2 chateaux /par rapport/ au Pont de pierres) que vase Les Lignes du monde. Ici-suite l’EXTINCTION DES DERNIERES SIRENES, de l’autre côté mon Parcours jaune.



(cliquez sur les illustrations pour les agrandir)

« Les hommes de science (…) savent parfaitement que le Temps n’est qu’une sorte d’Espace.« 

H.G. Wells La Machine à Explorer le Temps

J’ai grandi à côté d’une usine. Une belle usine blanche et longue comme un paquebot, séparée de nous seulement par une voie de chemin de fer. C’est l’usine où travaillait mon père. Ils étaient mille à y travailler quand j’étais enfant. Ils sont 118 aujourd’hui, et bientôt ils n’y seront plus, l’usine va fermer. Lire la suite

Le chemin des Meilleries (vase communicant avec Jean Prod’hom)

Comme chaque premier vendredi du mois il y a vase communication. Du coup je vais faire le footballeur sur les marges de Jean Prod’hom et Jean amène ses lignes par ici.


Le chemin des Meilleries

Il maintenait à bonne distance la Corbassière de la Possession, en déroulant ses naïvetés au pied d’une haie de noisetiers, de sureaux et de jeunes bouleaux, longeant un pâturage assiégé par les ronces et les lampées qui glissait en pente douce jusqu’au Rio de Nialin. On l’appelait le chemin des Meilleries. C’était un chemin de terre à double ornière, bordé par deux talus qui se faisaient face tout au long, pas mécontents en fin de compte de cette saignée. Et lorsque le soleil de mars avait chassé la neige, le chemin et les deux talus rasés de près se réveillaient, et ça c’était beau à en pleurer.

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Autres noms du froid (vase communicant par Michèle Dujardin)

Les vases qui communicquent, en février aussi. Et donc Michèle Dujardin se retrouve ici, avec ce très beau texte. Et donc moi là bas, sur son non moins beau blog, Abandôn.

visiter  les noms – voir leur dedans – l’être des noms, leur froid – par la marche ou les bateaux – les noms qui raidissent les doigts, au bout de bateaux comme Nordic Express, le Nunavut, Uqsuqtuuq
tout au nord, à l’est – les noms des fronts froids, qui raclent la face de –a terre jusqu’au plus décharné – au plus avare – des grands blocs erratiques de noms, dans leur secteur d’arrachement, sidérés : Tuktusiuqvialuk, avec de pâles palpitations, mousse grise en position flottante, banc sur banc glissant, à l’éboulis Lire la suite

Au fil de… (vases communicants)

Calme défi vacher,

eaux lisses aux faux airs de goudron,

friche lacustre en mal de castors,

Il fallait bien enjamber ce maelström.

Hervé JEANNEY

tient un blog :

« L’oeil ne se voit pas lui-même »


Chaque premier vendredi du mois, on peut vases communiquer avec des blogs amis (voir “vases communicants« ). Ici & aujourd’hui entre Belfort & Vesoul, donc.

(de vase en vase) par Brigitte Celerier

DSC02165Pour me servir de flux de vase en vase, sont venus des nuages – ai posé mes yeux en eux – me suis installée, et suis arrivée.
Je regarde, et me sens un peu déplacée.
Pour moi qui ne bouge pas, ou plus, qui n’ai jamais beaucoup bougé.
J’aimais les points – me poser à un endroit sur une carte, dans une ville, y rester le temps de me rendre familiers des coins de rue, des ouvertures sur des paysages de pierres, ou annexés aux pierres – l’arrivée au bord du Tage, et le banc où je m’assieds pour lire et rêver, avec dans mon dos la présence de l’immensité de la place, et puis la ville, les rues où j’ai marché et les gens côtoyés doucement sans que je leur appartienne, sans que je pénètre leur vie – une fenêtre qui me donnait, chaque fois que j’entrais dans la chambre, ou le matin après un grand geste pour repousser les lourds rideaux, les jardins de la Villa Borghèse, avec les bruits de la ville, doucement – une enfilade de briques un peu tristes dans un coin de l’East-end – l’eau d’un canal, à Bruges, un arbre qui se penche, et un clocher derrière une rangée de maisons .. Y rester, presque demeurer, pour que la ville, des tableaux, un marché (la soupe de poisson mangée debout sous une voute près du marché de Florence, ou les deux grandes halles en bas des ramblas, ou la verduria tassée au bord du canal dans une symphonie d’odeurs), une salle de concert, m’aient acceptée comme un tout petit élément étranger glissant à la surface, que nous nous soyons devenus bienveillants.
Mais, c’est vrai, j’aimais bien aussi, parfois, le mouvement qui m’y avait amenée : l’agacement cotonneux de l’autocar interminablement vers Calais et l’absurdité des ferrys – le train de nuit (et surtout pas les attentes sans fin dans les aéroports quand je pouvais l’éviter) vers Rome, ou Florence quand la ville était encore aimable, que l’on y voyait encore des italiens, ou la bien aimée Sienne sur ses collines – ou les ports marchands d’Alger et de Sète, dans le goût et l’odeur de la mer, avec le bas fond de la ville comme arrière plan.
Mes paysages sont de pierres, anciens, et pas très lointains – mais voilà qu’eux et moi nous avons posé un gros pavé dans le flux des lignes du monde.

Brigitte Célérier

C’est dans le cadre de“vases communicants » que Brigitte Célérier nous évoque çà & là depuis cette page.

Brigitte Célérier tient ‘Paumée (divagations)’, un blog qui se trouve ici et où j’ai : DU SAUT DES FRONTIERES

D’autres participants aux vases communicants :
Frédérique Martin
et Désordonnée
Anna de Sandre et Tor-ups
Tiers libre et la vie dangereuse
A Chat perché et Mahigan Lepage
C’était demain et Petite racine
36 poses et Arnaud Maisetti

Là où on ne peut se perdre (par Jeanne #vasescommunicants)

Il est un lieu qui m’est chair, un endroit où tout repose et où tout se crée. Un espace où j’aime me perdre et me retrouver : ces « Lieux imaginaires » (Alberto Manguel)

Ces mots que je lis ici sur Auto-géo-graphie-s, là-bas dans ce TiersLivre ou ailleurs encore via feedly et ali.

Ces mots..
Je pourrais vous sortir un florilège de citations venues de ce « pays des Arzélettres » (M. G. Dantec) pour vous écrire combien cela m’importe.
Ainsi de Mallarmé pour qui « le monde existe pour aboutir à un livre » ou encore de ce proverbe chinois « Ouvre un livre, il t’ouvrira » ou de Paul Auster pour qui « les livres ont changé notre façon de voir le monde, d’appréhender les choses de la vie ».
Il me semble alors, qu’en écho répond Cesare Pavese « Quand nous lisons, nous ne cherchons pas des idées neuves, mais des idées déjà pensées, par nous, à qui la page imprimée donne le sceau d’une confirmation. Les paroles des autres qui nous frappent sont celles qui résonnent dans une zone déjà nôtre – que nous vivons déjà – et la faisant vibrer nous permettent de saisir de nouveaux points de départ au dedans de nous. », in Le Métier de Vivre.

Ces livres que je lis, ces citations que je note scrupuleusement dans un carnet, je les fais miens lorsque je suis dedans, comme on entre en librairie ou dans une bibliothèque. Je m’y sens chez moi et tout autant ailleurs. Chaque lecture m’est un voyage, une introspection, à la manière d’Enrique Vila-Matas, pour qui « Voyager est, avant tout, une atmosphère, une expérience de la solitude, un sentiment extrêmement discret de mélancolie et de solitude », in Le Voyage Vertical.
Ma littérature m’exile, m’isole et me promène vers des espaces que je ne connaissais pas jusqu’alors.
Bien que ces pages me soient encore inconnues, je ne suis jamais perdue, parce que je reconnais ces lettres, je ressens ces écrits.. j’y suis, dans ces espaces de pleins et de déliés, de blancs et de paragraphes – et j’y coule des heures heureuses qui effacent ce temps qui nous est conté.

Ainsi, j’ai suivi mon envie, puisque je suis née dans les livres, de me rendre à Nantes, pas comme Montano « venu à Nantes pour voir [s’il pouvait] oublier un peu [qu’il était] un malade de littérature. » (Enrique Vila-Matas, in Le Mal de Montano.), mais plutôt pour découvrir le métier de libraire au pays de Jules Verne.
De rencontres en lectures, de voyages en livre aux voyages, ma barque m’a menée là où je suis aujourd’hui, aux portes d’un nouvel espace, le mien, pour pouvoir proposer, sur les routes et les chemins, des livres, dans une librairie ambulante.
Là, point de frontière.

Jeanne

Des lieux (imaginaires ou pas), des voyages (réels ou livresques), une passion Vila-Matas : merci à Jeanne pour ce joli texte qui a trouvé tout naturellement sa place ici  dans le cadre de « vases communicants« .

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