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LES LIGNES DU MONDE – géographie & littérature(s)

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Charles ROBINSON & les fonctions de la ville

J’ai parcouru ce matin, un article sur le fait que facebook ne servirait que peu les intérêts des éditeurs dans le relais l’information. Contre exemple (il faut un bon réseau) : à force de voir passer des posts sur et de Charles Robinson, j’ai pris un de ses livres à la bibliothèque : Dans les cités. J’ai accroché immédiatement (j’aime bien la littérature quand elle tire du côté de Perec ou de Pireyre, qu’elle balance entre l’essai et le roman). Et j’ai un peu fréquenté des cités fut-un temps. Et aussi, comme j’ai fait des études d’architecture puis de géographie, ce livre me parle. Je me dit même qu’on devrait le faire lire aux étudiants de l’une ou l’autre de ces disciplines.

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Mahigan LEPAGE & nulle part au centre

Il y a un moment, je me suis baladé dans le Canada de Mahigan Lepage, dans ses Coulées, dans son autogéographie humaine et physique. J’y repère de larges extraits évoquant le passage de la ville à ses alentours, le desserrement ou resserrement du tissu urbain, la discontinuité causée par le fleuve. Je suis particulièrement sensible -moi qui abhorre les villages-rue et aime à chercher un centre qui s’élargit autour d’une place- à l’idée d’être enveloppé par le village : La rectitude du village empêchait que l’on s’y sentir nulle part au centre, nulle part enveloppé. Je voulais lui demander depuis un moment ces extraits, à Mahigan, flemme de recopier, et voilà que je découvre la saisie vocale sur le téléphone moderne, alors, face au plis du terrain chinonais je déclame le texte et le téléphone prend note.

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Annie ERNAUX & sa maison & Cergy

Cela fait un moment que je me dis qu’il faut aborder ce Vrai lieu ; simplement parce qu’il y a le mot lieu associé au nom Ernaux. Voilà chose faite.

J’ai un peu lu Annie Ernaux, pas mal même. Un jour trouvant 2€ dans la rue, je vais dans une librairie du Quartier Latin, je vise la collection Folio 2€ je prends L’Occupation. C’est comme cela que je suis entré dans cette œuvre ; grâce à un don anonyme.

Dans ce Vrai lieu, elle nous évoque sa maison, les alentours, son lieu d’écriture, le paysage qu’elle a sous les yeux. Comme Butor, comme d’autres, elle dit ne pouvoir écrire que dans son lieu dédié, privilégié.

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Gonçalo M. TAVARES & le génie de la carte

Depuis Un Voyage en Inde je suis avec curiosité l’œuvre de G. M. Tavares. De plus ou moins près. De Monsieur Calvino à ce Berlin/Bucarest/Budapest. J’aime assez son écriture souvent froide et sans fioritures. Et là comme ça voyage… Il y est donc question de carte à un moment, et plusieurs fois de villes. De génie donc, celui loci, qui strate l’espace et le fait territoire.

 

CARTE

[…] quelle importance peuvent avoir les évolutions d’une carte ? Dans le fond, ce ne sont que des modifications graphiques sur de la pâte à papier civilisée et préparée à recevoir de nouveaux tracés vigoureux par dessus de vieux tracés fragiles.

BERLIN

À Berlin les rues sont délibérément non sentimentales. tu ne peux pas t’y perdre. Elles vont d’un endroit à l’autre ; elles ont une partie qu’on appelle milieu, et elles ont une fin qui en vérité ne l’est jamais, vu que chaque rue glisse vers d’autres rues comme si la ville avait plusieurs niveaux. Une ville n’a pas de fin, pense Martha.

Ce ne sont pas des rues, ce sont des documents, des archives : tu sais où se trouve chacune d’elles, où elle va.

– La ville est tellement bien ordonnée que, si tu te perds, c’est que tu es déjà sorti de Berlin, dit Markus.

BUDAPEST

À Budapest, l’Europe confirme qu’en architecture elle est un continent petit ; c’est le Danube qui commande et la ville est faite de rues parallèles ou perpendiculaires à l’eau principale ; comme si celle-ci était une déesse ancienne. Aucun bâtiment n’a connu une croissance démesurée.

Gonçalo M. TAVARES, Berlin, Bucarest-Budapest : Budapest-Bucarest

Christian GARCIN & un lieu, un autre

Parce qu’il fallait bien, Christian Garcin le voyageur, je suis ses voyages sur Facebook, et peut-être que ce sont eux que je retrouve là, quelques années plus tard. Une entrée dans cette œuvre par les vétilles, puis par ce livre sur les pas de Cendrars dans le transsibérien. Avec l’envie d’aller voir du côté des romans, maintenant. Voyageur (donc géo-graphe ?), il nous évoque sa relation aux lieux, l’importance de la projection dans les noms, l’espace.

Incroyable immensité d’Athènes. Depuis le mur de « Thémistocle », les immeubles se succèdent le long du littoral, à l’infini. Il ne s’agit sans doute plus d’Athènes mais du Pirée, ou d’une autre localité encore, mais ce que l’œil et tous les sens perçoivent, c’est une seule ville.

Vetilles

Toute ma vie je cours , je courrai après cet état-là de la perception du temps et de l’espace. J’avale des kilomètres, parcours des étendues immenses et lointaines, et ce que je cherche réside dans le regard imaginé d’un enfant sur trois mètres carrés d’un territoire qu’il a fait sien, et qui recouvre le monde.

Vétilles

C’est d’ailleurs à une arrivée similaire à Minsk, en hiver également, dix mois plus tôt, que je songeai tout d’abord, selon ce principe ancien et un peu agaçant chez moi qui est le « démon de l’analogie », comme si chaque lieu traversé, chaque expérience vécue, chaque livre lu m’en évoquait systématiquement, et toujours en premier lieu, un autre.

Le Lausanne-Moscou-Pékin

Ce transsibérien dans lequel nous venons de monter, l’idée même de traverser la Sibérie, font probablement davantage rêver les francophones que les Russes, ceci grâce sans doute à Michel Strogoff et à Blaise Cendrars – pour évoquer là deux personnages diversement fictifs. Pour les Russes qui grimpent dans ce train, il s’agit d’un moyen de transport, lent et coûteux. Pour nous, d’un voyage dans les noms et l’imaginaire, dans l’histoire et la géographie, dans le broun-roun-roun des roues comme disait Blaise Cendrars, dans le rythme à quatre temps des trains d’Europe, à cinq ou sept temps des trains d’Asie, dans la littérature aussi, et la vive réalité dans quoi baignent les hommes et les lieux que nous traversons – ou plus exactement les lieux qui nous traverseront, condition sous laquelle un des buts de ce voyage, à savoir faire coïncider toutes ces réalités, imaginaires et onomastiques, historiques et géographiques, sonores, littéraires et quotidiennes, sera partiellement atteint.

Le Lausanne-Moscou-Pékin

Cendrars le savait, qui alignait ses litanies de villes, Tomsk Tcheliabinsk Kaïnsk Obi Taïchet Verkhné-Oudinsk… : on voyage dans les noms avant de voyager dans les lieux, et il n’est pas rare que le premier de ces voyages conditionne le second. Les noms par exemple d’Oulan Bator, Valparaiso, Samarkand, Vladivostock, Montevideo, Irkousk aussi, bien sûr, sont comme des diamants qui brillent de mille feux et qu’on observe à travers une vitre sans imaginer pouvoir les posséder un jour, c’est-à-dire s’y rendre. Lorsqu’on le fait, le décalage est parfois colossal entre la brute réalité du lieu et l’imaginaire dont on l’avait habillé.

Le Lausanne-Moscou-Pékin

Les villes dans la chanson – Saint-Etienne (Bernard LAVILLIERS)

Je tombe sur cette chanson de Lavilliers, Bernard. Je connaissais la reprise par Raphaël, la voilà par l’interprète original. Petit résumé de la ville de sa jeunesse –c’est quand même ici que poussa tout petit
Cette fleur de grisou à tige de métal– en vers (Allez les vers !). Postulat qu’on est plus particulièrement de sa ville avant d’être de son pays ; c’est vrai que l’on peut parcourir quasi exhaustivement une ville, plus difficilement un pays dont toujours quelque chose nous échappera. La ville et certaines de ses caractéristiques : l’artère principale, les usines, le souterrain, les forges.

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Saint-Etienne

On n’est pas d’un pays mais on est d’une ville
Ou la rue artérielle limite le décor
Les cheminée d’usine hululent à la mort
La lampe du gardien rigole de mon style
La misère écrasant son mégot sur mon coeur
A laissé dans mon sang sa trace indélébile
Qui à le même son et la même couleur
Que la suie des crassier, du charbon inutile

Les forges de mes tempes ont pilonné les mots
J’ai limé de mes mains le creux des évidences
Les mots calaminés crachent des hauts fourneaux
Mes yeux d’aciers trempés inventent le silence
Je me saoule à New York et me bats à Paris
Je balance a Rio et ris à Montréal
Mais c’est quand même ici que poussa tout petit
Cette fleur de grisou à tige de métal

On n’est pas d’un pays mais on est d’une ville
Ou la rue artérielle limite le décor
Les cheminée d’usine hululent à la mort
La lampe du gardien rigole de mon style

Bernard LAVILLIERS

Les villes dans la chanson – Alexandrie (George MOUSTAKI)

Ça fait un moment que j’ai le disque avec le documentaire. Moustaki méditerranéen. J’y apprend que son père tenait la librairie française de la ville, qu’il y a croisé chanteurs en vogues ou princes du désert. Emprunté à la bibliothèque municipale, le disque. Je le mets le temps d’un trajet, une migration pendulaire ligérienne, J’y entends cet Alexandrie.

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Alexandrie

Je vous chante ma
nostalgie
Ne riez pas si je rougis

Mes souvenirs n’ont pas vieillis
J’ai toujours le mal du pays

Ça fait pourtant vingt-cinq années
Que je vis loi d’où je suis né
Vingt-cinq hivers que je remue
Dans ma mémoire encore émue

Les parfums, les odeurs, les cris
De la cité d’Alexandrie
Le soleil qui brûlait les rues
Où mon enfance a disparu

Le chant la prière à cinq heures
La paix qui nous montait au cœur
L’oignon cru et le plat de fève
Nous semblaient un festin de rêve

La pipe à eau dans les cafés
Et le temps de philosopher
Avec les vieux, les fous, les sages
Et les étrangers de passage

Arabes, Grecs, Juifs, Italiens
Tous bons Méditerranéens
Tous compagnons du même bord
L’amour et la folie d’abord

Je veux chanter pour tous ceux qui
Ne m’appelaient pas Moustaki
On m’appelait Jo ou Joseph
C’était plus doux, c’était plus bref

Amis des rues ou du lycée
Amis du joli temps passé
Nos femmes étaient des gamines
Nos amours étaient clandestines

On apprenait à s’embrasser
On n’en savait jamais assez
Ça fait presqu’une éternité
Que mon enfance m’a quitté

Elle revient comme un fantôme
Et me ramène en son royaume
Comme si rien n’avait changé
Et que le temps c’était figé

Elle ramène mes seize ans
Et me les remet au présent
Pardonnez moi si je radote
Je n’ai pas trouvé l’antidote

Pour guérir de ma nostalgie
Ne riez pas si je rougis
On me comprendra j’en suis sûr
Chacun de nous a sa blessure

Son coin de paradis perdu
Son petit jardin défendu
Le mien s’appelle Alexandrie
Et c’est là-bas loin de Paris

Georges Moustaki

Les villes dans la chanson – Amoureux de Paname (RENAUD)

Renaud, le premier chanteur pour grands que j’ai écouté après les chanteurs pour petits. Ses gros mots (« tu pourras en dire aussi quand tu seras poète » disait ma mère). Renaud et son éloge de Paris, références à mai 68 (le disque sort en 75), hauts lieux (symboliques et en même temps physiques (les tours)) dont il revendique le potentiel poétique, la ville bétonnée et les odeurs qu’il assume…

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Amoureux De Paname

Ecoutez-moi, vous les ringards,

écologistes du sam’di soir,
cette chanson-là vaut pas un clou,

mais je la chante rien que pour vous.
Vous qui voulez du beau gazon,
des belles pelouses, des p’tits moutons,
des feuilles de vigne et des p’tites fleurs,
faudrait remettre vos montres à l’heure.Moi, j’suis amoureux de Paname,
du béton et du macadam,
sous les pavés, ouais c’est la plage,
mais l’bitume c’est mon paysage,
le bitume c’est mon paysage.

Ecoutez-moi, vous les ringards,
écologistes des boul’vards,
vos beaux discours y’en a plein l’dos,
y’a du soleil dans les ruisseaux.
La tour Montparnasse elle est belle,
et moi j’adore la tour Eiffel,
y’a plein d’amour dans les ruelles
et d’poésie dans les gratt’ciel.

Moi j’suis amoureux de Paname,
du béton et du macadam,
sous les pavés, ouais c’est la plage,
mais l’bitume c’est mon paysage,
le bitume c’est mon paysage.

Ecoutez-moi, vous les ringards,
écologistes des grands soirs,
la pollution n’est pas dans l’air,
elle est sur vos visages blêmes.
Moi j’aime encore les pissotières,
j’aime encore l’odeur des poubelles,
j’me parfume pas à l’oxygène,
l’gaz carbonique c’est mon hygiène.

Moi j’suis amoureux de Paname,
du béton et du macadam,
sous les pavés, ouais c’est la plage
mais l’bitume c’est mon paysage,
le bitume c’est mon paysage.

(Renaud Séchan)

Les villes dans la chanson – Vaison-la-Romaine (Jean-Louis MURAT)

Bon, Vaison-la-Romaine, j’y suis passé petit, j’y ai joué au ping-pong, c’était l’été il faisait chaud. Du coup pareil pour ma perception de la chanson : je la situe plein été lumière blanche de 14h et chaleur accablante. On n’apprend pas grand chose sur la ville, si ce n’est que le narrateur ne semble pas enthousiaste.

A tout prendre je préfère Ostende mélancolique sous la pluie.

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Immobiles
On a froid
La strychnine
Ça non, non merci

On se casse, oui on se casse de là
Nom de dieu
Où est le paradis
Je veux bien te chanter
Le yellow submarine
Alors plutôt façon Jennifer
Je peux aussi te faire Philippe Lavil
Mais ça ça va te coûter plus cher
Tiens vlà Vaison-la-Romaine …

Old mobile
Nous lâche pas
Le carbu cambouis
Ça non merci

On se casse de là
Nom de dieu
C’est ça le paradis
Je veux bien te chanter
Le yellow submarine
Alors plutôt façon Jennifer
Je peux aussi te faire Philippe Lavil
Mais ça ça va te coûter plus cher
Tiens vlà Vaison-la-Romaine …

C’est pas la pluie
Non ça passera
Explications
Ça non merci

Viens on se casse,
Oui on se casse de là
Oh, nom de dieu
C’est ça le paradis
Je veux bien te chanter
Le yellow submarine
Alors plutôt façon Jennifer
Je peux aussi te faire Philippe Lavil
Mais ça ça va te coûter plus cher
Tiens vlà Vaison-la-Romaine …

(Jean-Louis MURAT)

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