J’ai dans mon téléphone portable un livre de Cécile Portier que j’aime lire de temps à autre, en fragmenté, il s’y prête – du moins il m’y prête. Je le lis tantôt dans le parc de Saché sur la pause de midi, tantôt dans les moments d’attente ; là, chez le vétérinaire pour lui montrer le bébé chat de 1 mois trouvé miolant dans une gouttière de l’impasse. Strictement immobile sur la chaise grise, je suis en lecture sur l’autoroute, à (ne pas) voir (le plus intéressant dans) le paysage.
Une pancarte couleur marron. Pourquoi ce marron, on se le demande. Sans doute parce qu’il se distingue bien des panneaux du Code de la route, sans pour autant être agressif. Encore que la laideur, même fade, le soit. Dessin à traits blancs : bourg fortifié à 20 km. Comme ça on ne le voit pas, mais on le voit quand même. Finalement, de l’autoroute, on ne voit rien. Si on traversait le pays sans sortir une seule fois, il faudrait bien se résigner à cette seule géographie de panneaux marron. On n’a jamais rien vu d’une autoroute. Le paysage ne devient pas seulement flou, comme emporté à grands traits de lavis. Le paysage disparaît. Le trajet se suffit à lui-même. C’est comme si le monde n’existait plus, comme s’il n’y avait plus que l’intensité de la vitesse, et aucun autre geste à faire que d’appuyer sur l’accélérateur et regarder droit devant soi. L’autoroute est une sensation forte, un isolant contre le monde extérieur.
Cécile PORTIER, Contact
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