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LES LIGNES DU MONDE – géographie & littérature(s)

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Enrique VILA-MATAS & le centre du monde

Je ne me rappelle plus ce qui m’a lancé dans Vila-Matas ces dernières semaines. Le fait qu’il y ait Marguerite Duras d’évoqué sur la quatrième de couverture je pense. Que ce soit des souvenirs de choses et autres liés à la littérature. Je trimbale Paris de la maison à la Bourgogne du sud, à La Devinière. Quand j’achète Bartleby, le libraire me dit que c’est vachement mieux que Paris. Donc j’ai hâte de la suite Vila-Matas.

 

Je me dit, une fois de plus, que je vis au centre du monde et découvre tout à coup que je me le suis déjà dit mille fois, que je me répète, que c’est un signe clair que je m’ennuie. Je me rappelle alors que quelqu’un a dit que le centre du monde est plutôt situé à l’endroit où a travaillé un grand artiste et non à Delphes. Suis-je un grand artiste pour penser que je suis au centre du monde ? Est-ce que je crois vraiment que Saint-Germain-des-Prés est le centre de quelque chose ? On dirait plutôt une naïveté de ma part.

Enrique VILA-MATAS, Paris ne finit jamais

Danièle SALLENAVE & le là

Ce livre, ça fait un moment que je courtise, dans la librairie paternelle. Le marque page est placé en son milieu, cela indique-t-il l’endroit où le passager précédent s’est arrêté ? Ambiance pays de l’Est pré-chute du mur, pensées musique & piano, forme de journal : tout pour plaire. En fait c’est un peu long à mon goût ; je m’accroche, saute quelques passages et mais vais au bout. En passant par là :

« J’aime bien que nous soyons là », dit Anne en montrant un point au centre de l’Europe, tout en retenant le jouet qui tentait de lui échapper. C’est un petit chat grossièrement figuré qui tient entre ses pattes une boule où sont vaguement dessinés la silhouette des continents, la mer bleue, les chaînes de montagnes marron, et de grandes plaines vert clair. Quand on remonte le mécanisme, le chat se livre autour de la boule à toute sorte de cabrioles. « Un peu plus haut tout de même », dis-je. « Si près des griffes ? »

Danièle SALLENAVE, Les Portes de Gubbio

 

 

 

Mathias ENARD & la gare-carrefour Bologne

Je suis passé à Bologne il y a quelques années, lors d’un voyage ferroviaire chaotique à travers l’Italie. Plus exactement je suis passé dans la gare de Bologne à l’heure de l’apéro du soir, soleil dorés sur les toits et sur les rails. Tenté debout sur un banc d’apercevoir la ville ; mais non, pas tellement possible alors comme ici :

comme des rails dans la nuit des traits des réseaux infinis de relais et nous, le plus souvent silencieux, étrangers qui ne nous ouvrons pas plus l’un à l’autre que nous ne le faisons à nous-mêmes, obscurs, obtus, perdus dans les innombrables rails qui entourent la gare de Bologne nœud ferroviaire inextricable, des aiguillages, des circuits, des voies de garage à n’en plus finir, une gare divisée en deux parties égales où au contraire de Milan le gigantisme du bâtiment est remplacé par la profusion des voies, la verticalité des colonnes par le nombre des traverses, une gare qui n’a besoin d’aucune démesure architecturale parce qu’elle est en soi démesurée, le dernier grand carrefour de l’Europe avant le cul-de-sac italien, tout transite par ici, les bouteilles de nero d’Avala venues des pentes de l’Etna que buvait Lowry à Taormine, le marbre des carrières de Carrare, les Fiat et les Lancia y croisent les légumes séchés, le sable, le ciment, l’huile, les peperoncini des Pouilles, les touristes, les travailleurs, les émigrants, les Albanais débarqués à Bari y foncent vers Milan, Turin ou Paris: tous sont passés par Bologne, ils ont vu leur train glisser d’une voie à l’autre au gré des aiguillages, ils ne sont pas descendus visiter la basilique, ils n’ont profité d’aucun des charmes d’une ville agréable et bourgeoise

Mathias ENARD dans Zone

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