« Quant à votre question sur le livre (Au dessous du volcan de M. Lowry, en l’occurence) comme intercesseur par rapport au lieu, et à la vie même du lecteur, je ne voudrais rien généraliser, mais je crois que le rôle de la littérature peut être capital (cela dépend aussi de l’importance qu’on lui accorde, bien sûr) et dans le cas de ce livre, ce lieu et cette expérience précise, il l’a été pour moi, puisqu’il a décidé en partie (l’autre part, c’est la rencontre d’étudiants mexicains avec lesquels je partageais un appartement à Londres) de mon départ pour le Mexique, et donc du reste de ma vie, qui en a découlé. Mais ce sont aussi bien sûr certaines qualités propres à ce lieu qui m’ont conduit à l’adopter ensuite pour y vivre, y construire ma maison, parce qu’il me convenait – car d’autres livres que j’ai aimés, qui comptent beaucoup pour moi, comme « Ulysse » de Joyce ou « A la recherche du temps perdu » par exemple, n’ont pas eu le même effet sur moi: je ne me suis pas installé à Dublin et n’y suis même jamais allé, pas plus qu’en Normandie. »

Frédéric-Yves JEANNET, Correspondance