Belle surprise du mois, ce titre magnifique et les pages qui suivent non moins. Tout est géographie. Toute cette géographie lue de 2 traites nocturnes. Les géographes aiment se perdre, la bonne idée de marcher dans une ville avec le plan d’une autre. Et ainsi découvrir ce qui pourrait les unir, les rapprocher, les différentier. Toutes les villes sont une –administrer, pourvoir, prévoir, scolariser / C’est une ville, elle a commencé par un fleuve-, un peu la même (on s’y oriente avec nos repères occidentaux), mais chacune singulière. Ici Londres et Le Caire, 2 façons bien différentes de penser la ville.

« C’est une ville, elle abrite une quantité de jardins. Des atlantides, des eldorados, des phalanstères. Des fictions. Des formes camouflées ou à l’état d’étude. Une foule de questions et une quantité de possibilités. Des esquisses pour la part du flou, l’idée du nuage. Des désirs, des fantasmes, des spéculations. »

« Vuluv, le rideau, c’est l’histoire d’enfance, le territoire collectif. Pas un espace géographique, un espace reconstitué. Un ensemble de traces et de trajectoires. Des chants, des sonorités. Pas un espace géographique, un espace affectif. »

« Dans une ville ouvrière, une ville moderne, une ville parfaite. Dans une ville occupée à administrer, pourvoir, prévoir, scolariser, chaque endroit a une fonction précise. Aire de stationnement, parking. Terrain municipal. Aire de pique-nique (bancs et tables). Cour, square, jardin. S’isoler est difficile. »

« Il y a toujours l’eau. L’eau qu’on finit par croiser. C’est ce qu’on pense d’une ville, on y descend toujours vers un fleuve. »

« C’est une ville, elle a commencé par un fleuve, quelques pirogues. Le courant a fait tout le travail du portage. On s’est laissé glisser à la recherche d’une berge accueillante, d’une grève sans marais, d’îlots traversants. »

« Ville, elle a ses sols mouvants. Ses espaces sans définition. Des mers de détritus. Des rues qui changent de noms. Des glaciers, des coulées de lave. Des plages noires comme du bitume. Des mers intérieures qui ne reflètent pas de ciel, sont des trous. Des steppes. Des landes. Des brousses. D’anciens marais que les crues une fois de trop inondent. Plus on s’écarte, plus on a des chances de se rapprocher de quelque chose. »

« Les lieux se superposent aux souvenirs. »

Virginie GAUTIER, Marcher dans Londres en suivant le plan du Caire, publie.net

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